Comment créer ma propre bédé ?
J'apprend à dessiner
Il fut un temps où il n'était plus nécessaire de savoir tenir un crayon pour faire de la bande dessinée. Tilieux, le Audiard belge, racontait qu'après avoir cru en sa vocation de marin au long cours puis en celle de romancier hard-boiled, il avait fini par devenir dessinateur parce qu'il fallait bien nourrir sa famille et qu'aucun éditeur ne lui demandait de savoir dessiner. Epoque bénie où le dessinateur pouvait négliger les marges de ses cahiers de classe pour apprendre directement le métier au cul des rotatives. C'était il y a longtemps. Cinquante ans. Aujourdh'ui, plus de hasad et de bonnes fortunes. Il faut apprendre à dessiner avant de publier.
L'école de Bédé
Pendant longtemps les apprentis dessinateurs de bédés étaient condamnés à suivre le cursus artistique universitaire classique. La meilleure façon de se faire prendre pour un attardé mental par ses condisciples, apprentis peintres ou sculpeurs, étaient évidemment de vouloir faire dela bédé. Les Académies de dessin n'ont jamais prodigué de cours sur l'art du gros nez. Aujourdh'ui les apprentis dessinateurs de bédé peuvent se retrouver sans risquer les quolibets des tenants de l'art académique. Ils on des écoles pou eux, en France et en Belgique (très chic la Belgique pour un Français).
Vous pourrez vous prendre pour un artiste et accrocher votre diplöme de dessinateur de bédé dans votre salon, ça ne sert à rien, mais ça rassure les parents.
L'apprentissage Pro
L'idéal : s'incruster chez un pro débordé par le travail. On y apprend le métier sous sa bienveillance.
Première année : gommage des planches et confetion de café (un conseil pour rester en deuxième année : gommer les crayonnés après l'encrage).
Deuxième année : traçage des cases et livraisons des planches en retard.
Troisième à cinquième année : encrage des décors, des textes et réception téléphonique pendant les périodes de retard.
Les années suivantes : progressivement vous êtes devenu la seconde main du Maître. tout le monde le sait.
Vous avez quarente-deux ans, il est temps de voler de vos propres ailes, vous créez votre propre série. Vous cartonnez. Vous déclarez publiquement dans les fanzines que le Maître vous a tout appris.
Vingt-deux années suivantes : brouille entre le Maître et l'élève, le premier reprochant au second de lui avoir tout pris.
Copier sur les Autres
Tout le monde commence par ça : en recopiant maladroitement un Tintin, un miquet ou une Barbarella. Pour certains, c'est même l'acte déclencheur qui va décider de toute leur carrière future.
Vopier les maîtres, vers l'âge de cinq ou six ans, c'est normal. Passé dix-huit ans, faites gaffe, on appelle ça du plagiat.
J'apprend à dessiner
A l'instar du peintre, de l'écrivain et du cultivateur de sinsemilla indoor, le dessinateur de bédé est un sédentaire nomade. Il peut installer son atelier n'importe où (de Tahiti à Perros-Guirec, en passant par Issy-les-Moulineaux), à condition de rester enchaîneé en permanence à sa planche dessin.
A la Ville
Jeu : comment caser un canapé-lit inconfortable, une table de cuisine à dessin, plusieurs collections incomplètes de revues inutiles et précieuses (Popular Mecanics, Pif Gadget, Métal Hurlan, Gazette des Armes, Pariscope...), un ghetto-blaster, un sac pouvbelle pour les vêtements sales, un autre pour les propres, un carton pour les canettes vides, un réfrigérateur pour les pleines, le tout dans 18 mètres carrés ?
(Question subsidiaire : comment protéger vos originaux quand vous prenez une douche ?)
Avantage : il y a toujours un bistrot au pied de l'immeuble.